dimanche 22 avril 2012

Des histoires de capitaine

Une autre histoire du capitaine
L’eau trop basse pour naviguer
Cette histoire me reporte il y a une douzaine d’années. Mon port d’attache se situait à Chasy River, au nord du lac Champlain, aux Etats-Unis, juste à la frontière du Québec. C’est un merveilleux petit port, très à l’abri : quelques quais dans une petite rivière, rien de plus sécuritaire. Mais en ce 24 juin, jour de la St-Jean, l’eau était basse, trop basse et je me demandais si je pourrais sortir. Mon bateau a un tirant d’eau de 5 pieds, la semaine d’avant, je frottais déjà le fond et puis il n’avait pas plu de la semaine… Qu’étais-je pour faire avec cet équipage ?
Faire le tour de ce qu’il faut connaître : Les descriptions habituelles : le gréement, le mât, haubans, les écoutilles… J’énumérais une foule de chose, en espérant que…



Non pas encore ! La solution que j’espérais ne se manifestait pas. «C’est pas grave, me dis-je, il faut qu’ils apprennent tous ces termes». Je le voyais dans leurs yeux, dans leurs gestes. « Pourquoi ne partons-nous pas ?». J’n’étais quand même pas pour faire de la théorie toute la fin de semaine. Les retourner et les faire revenir plus tard en saison, pas possible.  Je leur parle de la quille, son rôle pour permettre au bateau de naviguer, sa profondeur, belle ouverture pour leur faire part du problème.



Les visages se sont allongés : ils se voyaient sûrement remettre victuailles, sacs de couchage et…  dans les voitures. Je prolonge les explications, tout en observant…. Le miracle ! Le vent et de la bonne direction. « Ne vous en faites pas les amis, j’ai trouvé la solution ! On va réussir à sortir». J’me débrouillerais bien à les ramener dimanche… C’était ma chance, il s’agissait de lever les voiles, vent de travers, le bateau  pencherait et ça réduirait notre tirant d’eau. On leva les voiles… Attention, ce n’était pas si facile, la rivière est à-peu-près de la largeur du canal de Lachine. Le moteur allait nous  conduire au-delà des 500 mètres où les arbres nous cachaient du vent, et là,  j’espérais qu’il soit assez fort : ça prend un bon vent pour faire gîter un bateau de  8 tonnes. Je donnerais l’ordre à nos de passer sous le vent. Un peu d’aide à la gîte, surtout qu’il y en avait une qui faisait le poids. Et j’m’étais dit que j’mettrais le moteur à pleine vitesse, avec les voiles … Si on s’était  mis à tâter le fond, j’savais qu’il est en sable, qu’on frotterait… Mais j’pensais bien qu’on réussirait. Nicole me regardait avec un drôle d’air : elle était consciente, elle aussi, qu’à la sortie de cette rivière, il y a d’autres obstacles : quelques cailloux ! En fait, ce n’est pas vraiment de roches mais bien de boulets de canons que les belligérants de la guerre d’indépendance des Etats-Unis y ont placés : j’n sais pas lesquels, mais un des deux camps les avait placés là pour empêcher les adversaires d’envahir leur campement par bateau. J’retenais mon souffle… Haaaa ! Ça y était.


La gîte diminue le tirant d'eau

Un beau WE, nos stagiaires ont bien appris, nous avons bien mangé. Ce sont eux qui apportent la nourriture : c’est toujours une petite surprise : souvent bonne, mais quelques fois… J’m’e souviens encore de ce WE : p’tit déjeuner aux œufs bénédictines, souper  5 services, le vin blanc, avec l’entrée. Le rouge, avec la bavette de bœuf, les fromages, le «forêt noire», le vin dessert…  Le café, le p’tit cognac... Un jour, j’vous raconterai d’autres menus. Durant ce WE, on m’a demandé comment on ferait pour retourner au quai, le bagage… L’annexe… C’est un petit gonflable… Un p’tit malin nous a même dit qu’il nagerait…
Dimanche, 16h30.  Toujours impossible de rentrer à Chazy River, l'eau était toujours trop basse. « S’il avait plu tout le WE… peut-être ?» Mais personne ne l’avait souhaité.
Je mouille à l'extérieur de la rivière. Mon plan, je l’avais : l’annexe fut mise à l’eau et je me suis dirigé vers la rivière pour aller chercher mon autre voilier, la Marotte : Et oui j’avais un autre voilier. Oui monsieur, un autre bateau ce qui me donnait un air non seulement de capitaine, mais d’amiral. Une flotte. C’est vrai c’était un voilier plus petit, mais il ne tirait que 4 pieds de profondeur, donc capable de se faufiler. Bagage et passagers transbordés, je reconduits un équipage émerveillé de ce superbe WE, la bise, les mercis…
Ceux qui ont lu  la précédente histoire comprendront que j'aurais dû publier celle-ci avant.
À la prochaine,
Louis, Le Roi-Soleil

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