Baie McDonaugh, le train
Lac Champlain, Baie McDonaugh, 21 juillet , 20 heures. Ce mouillage protège bien du sud et il y a peu d'eau. Ce sera d'autant plus facile pour relever la chaîne d'ancre. Pas de "cling clang" des drisses sur le mât, l'équipage devrait bien dormir.Sauf que Chantal est contrariée… il semblerait que ses nuits sont dérangées par certains bruits nocturnes qui s'entendent dans le carré…
Sylvie et Michel, un tout nouveau couple d'à peine quelques semaines, semble y faire le train. Le peu de place qu'offrent les lits simples du carré ne semble pas déranger les ébats de nos tourtereaux.
Germain, le mari de longue date de notre insomniaque (ils sont couchés dans la cabine avant), ne semble pas, lui non plus, dérangé par la chose: il dort à poings fermés. Contrairement à sa douce, qui m'a tout l'air de regretter les élans de leurs premiers ébats amoureux. Elle m'a même avoué qu'elle envisageait de prendre le train pour Montréal si elle n'arrivait pas à passer de bonnes nuits…
Voilà un problème épineux auquel il faut que je trouve une solution. 21h30, ça y est! Je mets le gonflable à l'eau, y ajoute gilets de sauvetage et couvertures, et suggère fortement, et avec un beau grand sourire, à nos amoureux d'aller voir passer le train sur ce radeau bien abrité, tout le temps qu'ils veulent, sous les rayons de la lune qu'on aperçoit au loin et de ne revenir à leur lit moelleux respectif que lorsque la parade sera terminée.
Chantal a bien dormi, tout le monde est heureux. Mais depuis ce jour, chaque fois que j'entends, sur le lac, siffler le train Montréal-New York, un petit sourire m'anime …
Louis Charbonneau
Le Roi-Soleil
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