lundi 23 avril 2012

Les petites histoires du Capitaine: La mort de ma mère, femme de voile, mais non voilé...

Les petites histoires du Capitaine: La mort de ma mère, femme de voile, mais non voilé...: La mort de ma mère  Juliette, amirale du  voilier familial , le Capitaine Nemo,  un certain printemps des années cinquante. Mars 1996, Na...
Extrait des :CARNETS DE BORD DU ROI-SOLEIL
La mort de ma mère

Mars 1996, Nassau
Je marche sur le quai en direction du téléphone, on vient de me dire qu'on me cherche sur les ondes courtes depuis 2 jours. Je dois téléphoner à mon fils, je sais que c'est grave, ma compagne? mes enfants?
Le téléphone me confirme la gravité de l'événement: c'est le décès de ma mère, 91 ans, elle a mené une bonne vie... et je n'ai pas le temps de me rendre à Montréal, l'enterrement a lieu demain. Ma sœur habite Nassau, elle est déjà partie pour les cérémonies d'usage. Son mari, John, m'attend, nous passerons la soirée ensemble.
Juliette à prépare le capitaine nemo
Les souvenirs montent ... Juliette au printemps sur le Capitaine Nemo, voilier familial
Je dois d'abord trouver un mouillage et m'occuper de mon équipage. Mes 3 gars achèvent leurs 2 semaines à bord: il y a eu beau temps et bon vent au début, puis absence de vent par la suite, de la bonne pêche, de la plongée... mais ils sont en manque de... probablement de femmes, n'ayant trouvé entre Georgetown et ici qu'îles désertes, bars vides, églises pleines et mères de familles nombreuses. Ça fait déjà 3 jours qu'ils me cassent les oreilles avec leurs futures sorties en ville, les bars, les femmes... Je n'ai vraiment pas l'âme à la chose.
Entente convenue, nous ferons bande à part. Ils iront fêter, j'irai souper avec mon beau-frère. Ils garderont le VHF portatif, je rentrerai tôt. Ils n'auront qu'à m'appeler et j'irai les chercher au dinghy dock.
Soirée tranquille avec le beau-frère, conversation d'usage... John vient me reconduire à la marina, il est 22h15.
Surprise: plus de gonflable! Mes fêtards n'ont pas fêté tard... Merde! Ils ont le VHF, et personne sur les bateaux. Je marche jusqu'à l'hôtel le plus proche, on appelle au VHF, les hôtels en ont tous pour appeler les taxis, pas de réponse! Je retourne à la marina, ils ne sont toujours pas là! J'attends quelques minutes, ils vont sûrement revenir me chercher... encore une petite marche à l'hôtel, rien... Un aller et retour, toutes sortes de propositions: des montres, de la drogue, des femmes, des chiens qui jappent... et j'ai oublié ou perdu le numéro de téléphone de John, je n'ai pas un sou, et je n'arrive pas à retrouver le chemin pour me rendre chez lui... un dernier retour à la marina, elle est barrée! Je m'étends sur le bord du quai, la tête sur un bout de bois et je décide d'y dormir.
"Man! tu peux pas rester là, c'est dangereux." C'est le gardien de nuit de la marina, il m'invite à m'étendre à l'intérieur des barrières sur le quai, j'y serai en sécurité. Je suis sur le point de m'endormir, je sens qu'on me couvre: c'est un grand carton pour me tenir au chaud. Je m'endors, je crois que je rêve: c'est une histoire de bon samaritain qui couvre l'indigent...
Une petite tape sur l'épaule: "Hey, patron, tu vas pouvoir retourner à ton bateau, la police va t'y conduire."
J'ai le goût de faire un rapport de vol de gonflable, faire du trouble... "Thank you very much..." Il est 3h15, et tout le monde est à bord... Le seau d'eau me regarde, je n'ai qu'à le détacher, le remplir d'eau de mer et les... Non, je vais me coucher, je verrai demain …
J'apprendrai qu'ils avaient poussé le mauvais bouton du VHF, qu'ils avaient présumé que je coucherais chez le beau-frère, ou je ne sais trop...
Si vous voulez savoir la fin de cette histoire, vous n'avez qu'à demander à Gaston, Michel ou Pierre. Et moi, j'ai eu le plaisir d'être bien dorloté par un bon gardien de nuit.
Louis Charbonneau
Le Roi-Soleil

La mort de ma mère, femme de voile, mais non voilée

La mort de ma mère


 Juliette, amirale du voilier familial , le Capitaine Nemo, un certain printemps des années cinquante.

Mars 1996, Nassau
Je marche sur le quai en direction du téléphone, on vient de me dire qu'on me cherche sur les ondes courtes depuis 2 jours. Je dois téléphoner à mon fils, je sais que c'est grave, ma compagne? Mes enfants?
Le téléphone me confirme la gravité de l'événement: c'est le décès de ma mère, 91 ans, elle a mené une bonne vie... et je n'ai pas le temps de me rendre à Montréal, l'enterrement a lieu le lendemain. Ma sœur habite Nassau, elle est déjà partie pour les cérémonies d'usage. Son mari, John, m'attend, nous passerons la soirée ensemble.
Je dois d'abord trouver un mouillage et m'occuper de mon équipage. Mes 3 gars achèvent leurs 2 semaines à bord: il y a eu beau temps et bon vent au début, puis absence de vent par la suite, de la bonne pêche, de la plongée... mais ils sont en manque de... probablement de femmes, n'ayant trouvé entre Georgetown et ici qu'îles désertes, bars vides, églises pleines et mères de familles nombreuses. Ça fait déjà 3 jours qu'ils me cassent les oreilles avec leurs futures sorties en ville, les bars, les femmes... Je n'ai vraiment pas l'âme à la chose.
Entente convenue, nous ferons bande à part. Ils iront fêter, j'irai souper avec mon beau-frère. Ils garderont le VHF portatif, je rentrerai tôt. Ils n'auront qu'à m'appeler et j'irai les chercher au dinghy dock.
Soirée tranquille avec le beau-frère, conversation d'usage... John vient me reconduire à la marina, il est 22h15.
Surprise: plus de gonflable! Mes fêtards n'ont pas fêté tard... Merde! Ils ont le VHF, et personne sur les bateaux. Je marche jusqu'à l'hôtel le plus proche, on appelle au VHF, les hôtels en ont tous pour appeler les taxis, pas de réponse! Je retourne à la marina, ils ne sont toujours pas là! J'attends quelques minutes, ils vont sûrement revenir me chercher... encore une petite marche à l'hôtel, rien... Un aller et retour, toutes sortes de propositions: des montres, de la drogue, des femmes, des chiens qui jappent... et j'ai oublié ou perdu le numéro de téléphone de John, je n'ai pas un sou, et je n'arrive pas à retrouver le chemin pour me rendre chez lui... un dernier retour à la marina, elle est barrée! Je m'étends sur le bord du quai, la tête sur un bout de bois et je décide d'y dormir.
"Man! Tu peux pas rester là, c'est dangereux." C'est le gardien de nuit de la marina, il m'invite à m'étendre à l'intérieur des barrières sur le quai, j'y serai en sécurité. Je suis sur le point de m'endormir, je sens qu'on me couvre: c'est un grand carton pour me tenir au chaud. Je m'endors, je crois que je rêve: c'est une histoire de bon samaritain qui couvre l'indigent...
Une petite tape sur l'épaule: "Hey, patron, tu vas pouvoir retourner à ton bateau, la police va t'y conduire."
J'ai le goût de faire un rapport de vol de gonflable, faire du trouble... "Thank you very much..." Il est 3h15, et tout le monde est à bord... Le seau d'eau me regarde, je n'ai qu'à le détacher, le remplir d'eau de mer et les... Non, je vais me coucher, je verrai demain …
J'apprendrai qu'ils avaient poussé le mauvais bouton du VHF, qu'ils avaient présumé que je coucherais chez le beau-frère, ou je ne sais trop...
Si vous voulez savoir la fin de cette histoire, vous n'avez qu'à demander à Gaston, Michel ou Pierre. Et moi, j'ai eu le plaisir d'être bien dorloté par un bon gardien de nuit.
Louis Charbonneau
Le Roi-Soleil

Les petites histoires du Capitaine: Baie McDonaugh, lac champlain, le train

Les petites histoires du Capitaine: Baie McDonaugh, lac champlain, le train: Les trains Montréal-New-York fait beaucoup de bruit Baie McDonaugh, la Champlain, Baie McDonaugh, 20 heures, 21 juillet Ce mouillage pro...

Baie McDonaugh, lac champlain, le train

Les trains Montréal-New-York fait beaucoup de bruit

Baie McDonaugh, la Champlain, Baie McDonaugh, 20 heures, 21 juillet

Ce mouillage protège bien du sud et il y a peu d'eau. L'abri est si bon pour les vents du sud.
On n’entend même pas les "cling clang" des drisses sur le mât.

Tout le monde aurait dû bien dormir, mais… L'équipage était constitué de deux couples dans la cinquantaine, les premiers étaient mariés depuis 25 ans, les autres se connaissaient depuis 25 jours.  Chantal, ce  soir-là, semblait contrariée… Elle nous avoua que ses nuits étaient dérangées par certains bruits nocturnes émanant du carré…
Sylvie et Michel, ce tout nouveau couple de quelques semaines, semblait y faire le train. Le peu de place qu'offrent les lits simples du carré ne semblait pas déranger les ébats de nos tourtereaux. Ce sont les premiers inscrits qui ont le choix des cabines : Michel avait bien essayé  d’avoir la cabine avant ; je lui avais suggéré d’essayer de faire appel auprès des ayants droits, mais…
«On a aussi entendu du bruit ! C’est probablement le train, des coups de sifflet. On sent même senti les vibrations, les voies ferrées sont proches…» s’était empressé des déclarer Michel.
Germain, le mari de longue date de notre insomniaque ne paraissait pas être dérangé par la chose : il dormait à poings fermés. Contrairement à sa douce, qui m'avait tout l'air de regretter les élans de leurs premiers ébats amoureux, surtout que la petitesse de leur cabine aurait dû porter à... Elle m'a même avoué qu'elle envisageait de prendre le train pour Montréal si elle n'arrivait pas à passer de bonnes nuits…
Voilà un problème épineux auquel il fallait que je trouve une solution. 21h30, ça y était ! Je mis l’annexe à l'eau, y ajoutai gilets de sauvetage et couvertures, un matelas gonflable, espérant qu'ils n’y mettent pas toute leur énergie à le souffler, et suggérai fortement à nos amoureux avec un beau grand sourire, d'aller voir passer le train sur ce radeau bien abrité, tout le temps jugé à propos, sous les rayons de la lune, éventuelle témoin de leurs ébats et de revenir à leur lit moelleux respectif  lorsque la parade aurait été terminée.
Chantal a bien dormi, tout le monde était heureux. Depuis ce jour, chaque fois que j'entends, sur le lac, siffler le train Montréal-New York, un petit sourire m'anime …


Baie McDonaugh, lac Champlain, le train

Baie McDonaugh, le train
Lac Champlain, Baie McDonaugh, 21 juillet , 20 heures. Ce mouillage protège bien du sud et il y a peu d'eau. Ce sera d'autant plus facile pour relever la chaîne d'ancre. Pas de "cling clang" des drisses sur le mât, l'équipage devrait bien dormir.
Sauf que Chantal est contrariée… il semblerait que ses nuits sont dérangées par certains bruits nocturnes qui s'entendent dans le carré…
Sylvie et Michel, un tout nouveau couple d'à peine quelques semaines, semble y faire le train. Le peu de place qu'offrent les lits simples du carré ne semble pas déranger les ébats de nos tourtereaux.
Germain, le mari de longue date de notre insomniaque (ils sont couchés dans la cabine avant), ne semble pas, lui non plus, dérangé par la chose: il dort à poings fermés. Contrairement à sa douce, qui m'a tout l'air de regretter les élans de leurs premiers ébats amoureux. Elle m'a même avoué qu'elle envisageait de prendre le train pour Montréal si elle n'arrivait pas à passer de bonnes nuits…
Voilà un problème épineux auquel il faut que je trouve une solution. 21h30, ça y est! Je mets le gonflable à l'eau, y ajoute gilets de sauvetage et couvertures, et suggère fortement, et avec un beau grand sourire, à nos amoureux d'aller voir passer le train sur ce radeau bien abrité, tout le temps qu'ils veulent, sous les rayons de la lune qu'on aperçoit au loin et de ne revenir à leur lit moelleux respectif que lorsque la parade sera terminée.
Chantal a bien dormi, tout le monde est heureux. Mais depuis ce jour, chaque fois que j'entends, sur le lac, siffler le train Montréal-New York, un petit sourire m'anime …
Louis Charbonneau
Le Roi-Soleil

dimanche 22 avril 2012

Une autre histoire «Le train»

Baie McDonaugh, le train
Baie McDonaugh, 21 juillet 1999, 20 heures. Ce mouillage protège bien du sud et il y a peu d'eau. Ce sera d'autant plus facile pour relever la chaîne d'ancre. Pas de "cling clang" des drisses sur le mât, l'équipage devrait bien dormir.
Sauf que Chantal est inquiète… il semblerait que ses nuits sont dérangées par certains bruits nocturnes qui s'entendent dans le carré…
Sylvie et Michel, un tout nouveau couple d'à peine quelques semaines, semble y faire le train. Le peu de place qu'offrent les lits simples du carré ne semble pas déranger les ébats de nos tourtereaux.
Germain, le mari de longue date de notre insomniaque (ils sont couchés dans la cabine avant), ne semble pas, lui non plus, dérangé par la chose: il dort à poings fermés. Contrairement à sa douce, qui m'a tout l'air de regretter les élans de leurs premiers ébats amoureux. Elle m'a même avoué qu'elle envisageait de prendre le train pour Montréal si elle n'arrivait pas à passer de bonnes nuits…
Voilà un problème épineux auquel il faut que je trouve une solution. 21h30, ça y est! Je mets le gonflable à l'eau, y ajoute gilets de sauvetage et couvertures, et suggère fortement, et avec un beau grand sourire, à nos amoureux d'aller voir passer le train sur ce radeau bien abrité, tout le temps qu'ils veulent, sous les rayons de la lune qu'on aperçoit au loin et de ne revenir à leur lit moelleux respectif que lorsque la parade sera terminée.
Chantal a bien dormi, tout le monde est heureux. Mais depuis ce jour, chaque fois que j'entends, sur le lac, siffler le train Montréal-New York, un petit sourire m'anime …
Louis Charbonneau
Le Roi-Soleil

Les petites histoires du Capitaine: Les petites histoires du capitaine. «Coup de chie...

Les petites histoires du Capitaine: Les petites histoires du capitaine. «Coup de chie...: Dimanche 6 juin 1999, 14 heures. Vent du sud 30 à 35 nœuds. Le Roi-Soleil filait à vitesse de coque ou presque, nous ne portons que le foc d...

Les petites histoires du capitaine. «Coup de chien !»

Dimanche 6 juin 1999, 14 heures. Vent du sud 30 à 35 nœuds. Le Roi-Soleil filait à vitesse de coque ou presque, nous ne portons que le foc de route monté sur l'étai largable.


Foc de route sur étai largable voir http://www.voileevasion.qc.ca/poser_etai_larguable.htm

Mooney Bay est au ¾ arrière, nous fonçons vers l'Île Lamothe. J'explique à Nicole que le gros nuage noir devant, dépassé Monty Bay, devrait faire passer le vent au nord-ouest. Menaçant peut-être, mais il est loin, probablement à la frontière; de toute façon le baromètre ne baisse que très lentement et Arnold nous annonce que le vent restera au sud.. Pourtant, je sais qu'il va tourner… mais j'ai confiance: 16,000 livres de bateau, juste le foc de route, pas de problème…




Un regard sur Monty Bay, la couleur du ciel a changé, je reste sidéré par le spectacle. Il y a du jaune, des formations nuageuses différentes à basse altitude. Ça semble venir vers nous, mais j'ai de la difficulté à les identifier. .

C'est très beau, je suis hypnotisé par le spectacle au lieu d'aller baisser mon foc de route.



Ça y est, je sais maintenant que ce sont des trombes d'eau, et elles foncent sur nous…
Je pars le moteur, vire vers le sud, je n'ai pas le temps d'aller descendre le foc. Moteur à plein pouvoir, parmi cinq à six colonnes d'eau, un gonflable me passe à hauteur des barres de flèche. Le Roi-Soleil se couche, le cockpit est plein d'eau, j'ai juste le temps d'attraper Nicole qui est sur le point de passer par dessus bord, quelques secondes…
Le Roi-Soleil se redresse, il n'y a plus de vent. Les trombes s'éloignent rapidement vers Pelots Bay. Le moteur, toujours à plein régime, est rendu en marche arrière… Je cours en avant descendre le foc… reviens en arrière… pour m'apercevoir que mes bossoirs sont brisés: le gonflable, en plongeant dans l'eau, les a forcés. Mes panneaux solaires, y étant fixés, ne tiennent plus que par les fils et les câbles d'ajustement… Un voilier au sud-est, à moins d'un mille de nous, n'a rien eu…
Heureusement, pas de blessé, seulement quelques soudures… et surtout une belle leçon d'humilité: elle est forte, cette nature!
Plaisanciers qui jouez au chat et à la souris avec la nature, rappelez vous toujours lequel est le chat.
Louis,
Le Roi-Soleil

Les petites histoires du Capitaine: Des histoires de capitaine

Les petites histoires du Capitaine: Des histoires de capitaine: Une autre histoire du capitaine L’eau trop basse pour naviguer Cette histoire me reporte il y a une douzaine d’années. Mon port d’attache ...

Des histoires de capitaine

Une autre histoire du capitaine
L’eau trop basse pour naviguer
Cette histoire me reporte il y a une douzaine d’années. Mon port d’attache se situait à Chasy River, au nord du lac Champlain, aux Etats-Unis, juste à la frontière du Québec. C’est un merveilleux petit port, très à l’abri : quelques quais dans une petite rivière, rien de plus sécuritaire. Mais en ce 24 juin, jour de la St-Jean, l’eau était basse, trop basse et je me demandais si je pourrais sortir. Mon bateau a un tirant d’eau de 5 pieds, la semaine d’avant, je frottais déjà le fond et puis il n’avait pas plu de la semaine… Qu’étais-je pour faire avec cet équipage ?
Faire le tour de ce qu’il faut connaître : Les descriptions habituelles : le gréement, le mât, haubans, les écoutilles… J’énumérais une foule de chose, en espérant que…



Non pas encore ! La solution que j’espérais ne se manifestait pas. «C’est pas grave, me dis-je, il faut qu’ils apprennent tous ces termes». Je le voyais dans leurs yeux, dans leurs gestes. « Pourquoi ne partons-nous pas ?». J’n’étais quand même pas pour faire de la théorie toute la fin de semaine. Les retourner et les faire revenir plus tard en saison, pas possible.  Je leur parle de la quille, son rôle pour permettre au bateau de naviguer, sa profondeur, belle ouverture pour leur faire part du problème.



Les visages se sont allongés : ils se voyaient sûrement remettre victuailles, sacs de couchage et…  dans les voitures. Je prolonge les explications, tout en observant…. Le miracle ! Le vent et de la bonne direction. « Ne vous en faites pas les amis, j’ai trouvé la solution ! On va réussir à sortir». J’me débrouillerais bien à les ramener dimanche… C’était ma chance, il s’agissait de lever les voiles, vent de travers, le bateau  pencherait et ça réduirait notre tirant d’eau. On leva les voiles… Attention, ce n’était pas si facile, la rivière est à-peu-près de la largeur du canal de Lachine. Le moteur allait nous  conduire au-delà des 500 mètres où les arbres nous cachaient du vent, et là,  j’espérais qu’il soit assez fort : ça prend un bon vent pour faire gîter un bateau de  8 tonnes. Je donnerais l’ordre à nos de passer sous le vent. Un peu d’aide à la gîte, surtout qu’il y en avait une qui faisait le poids. Et j’m’étais dit que j’mettrais le moteur à pleine vitesse, avec les voiles … Si on s’était  mis à tâter le fond, j’savais qu’il est en sable, qu’on frotterait… Mais j’pensais bien qu’on réussirait. Nicole me regardait avec un drôle d’air : elle était consciente, elle aussi, qu’à la sortie de cette rivière, il y a d’autres obstacles : quelques cailloux ! En fait, ce n’est pas vraiment de roches mais bien de boulets de canons que les belligérants de la guerre d’indépendance des Etats-Unis y ont placés : j’n sais pas lesquels, mais un des deux camps les avait placés là pour empêcher les adversaires d’envahir leur campement par bateau. J’retenais mon souffle… Haaaa ! Ça y était.


La gîte diminue le tirant d'eau

Un beau WE, nos stagiaires ont bien appris, nous avons bien mangé. Ce sont eux qui apportent la nourriture : c’est toujours une petite surprise : souvent bonne, mais quelques fois… J’m’e souviens encore de ce WE : p’tit déjeuner aux œufs bénédictines, souper  5 services, le vin blanc, avec l’entrée. Le rouge, avec la bavette de bœuf, les fromages, le «forêt noire», le vin dessert…  Le café, le p’tit cognac... Un jour, j’vous raconterai d’autres menus. Durant ce WE, on m’a demandé comment on ferait pour retourner au quai, le bagage… L’annexe… C’est un petit gonflable… Un p’tit malin nous a même dit qu’il nagerait…
Dimanche, 16h30.  Toujours impossible de rentrer à Chazy River, l'eau était toujours trop basse. « S’il avait plu tout le WE… peut-être ?» Mais personne ne l’avait souhaité.
Je mouille à l'extérieur de la rivière. Mon plan, je l’avais : l’annexe fut mise à l’eau et je me suis dirigé vers la rivière pour aller chercher mon autre voilier, la Marotte : Et oui j’avais un autre voilier. Oui monsieur, un autre bateau ce qui me donnait un air non seulement de capitaine, mais d’amiral. Une flotte. C’est vrai c’était un voilier plus petit, mais il ne tirait que 4 pieds de profondeur, donc capable de se faufiler. Bagage et passagers transbordés, je reconduits un équipage émerveillé de ce superbe WE, la bise, les mercis…
Ceux qui ont lu  la précédente histoire comprendront que j'aurais dû publier celle-ci avant.
À la prochaine,
Louis, Le Roi-Soleil

Les petites histoires du Capitaine: Des histoires de capitaine

Les petites histoires du Capitaine: Des histoires de capitaine:                                                                                                  Les anecdotes du capitaine                 ...

Des histoires de capitaine

                                                                                             
  Les anecdotes du capitaine                                 
Comme vous le savez peut-être, je donne des cours de voile à bord de mon voiler au lac Champlain, les gens viennent vivre à bord du bateau... Quelques anecdotes m'ont permis d'avoir Accumulé bien des souvenirs, plusieurs, agréables et d'autres...
 Je débute ce blogue par «la semaine débute bien», d'autres suivront.


Nicole et l'auteur, complices à l'école de voile et aux Productions du Roi-Soleil

Le Roi-Soleil, voilier/école

«La semaine débute bien»
Dimanche 20 juin 1999, 16h30. Impossible de rentrer à Chazy River, l'eau est trop basse. Je mouille à l'extérieur de la rivière. Je vais chercher la Marotte (mon autre voilier à faible tirant d'eau) pour reconduire un équipage émerveillé et attendre les nouveaux invités… qui n'arrivent pas. Je retourne au Roi-Soleil où Nicole m'attend.. Souper… Pas d'appel sur le cellulaire. Je retourne avec la Marotte au quai pour les attendre…
21h, enfin ils arrivent: quelques… non, beaucoup de bagages: vêtements, nourriture pour la semaine pour quatre et, croyez le ou non, une télé portative! Manquaient juste les patin à roues alignées! Et une blonde qui venait à reculons. Belle semaine en perspective.
La nuit est tombée et l'eau est basse. Pas de problème, les deux bouées extérieures sont lumineuses, et les autres ont des petits collets qui réfléchissent la lumière d'une lampe de poche. Comble d'inattendu, la lampe ne fonctionne pas. Qu'à cela ne tienne, je connais le coin comme ma poche. En plus, voici maintenant l'orage.
Hum! Ça y est, je me plante dans la vase! J'ai raté les premières bouées. Le vent souffle de plus en plus fort, mais heureusement de l'ouest, donc pas de vagues, et puis, c'est de la vase. Je communique avec Nicole par VHF et lui rend compte de la situation. Nos invités sont cachés dans la cabine et se sont trouvé de la place parmi la montagne de bagages. La copine ne dit mot. Comme les éclairs ont suffisamment éclairé le coin, je sais où je suis, trop au nord. Aux grands problèmes les grands moyens: je hisse la grand-voile, la Marotte gîte, elle se décroche. Youpi! Aussitôt dit, je dépasse le chenal et me voilà à nouveau échoué, côté sud. Le vent forcit, les éclairs, la pluie, le ciel va-t-il me tomber sur la tête, comme disaient mes ancêtres bretons?
Je rends compte à nouveau à Nicole de ce qui se passe. De son côté, elle s'inquiète à cause d'une autre victime des basses eaux qui s'est ancrée trop près, il a quitté son bateau, qui devient menaçant. "Écoute, Nicole, prends le gonflable et viens nous chercher, je suis coincé pour la nuit." Moment d'hésitation. "Tu ne m'as jamais montré à partir le hors-bord." Elle qui navigue le Roi-Soleil comme si de rien était… Quelques indications d'usage… un moment d'attente, et elle me revient: "Je n'y arrive pas." - "Viens me chercher à la rame." - "Jamais, passe la nuit sur la Marotte. Over and out."
Rage ou surprise… Elle a raison. Il ne fait pas beau, mais il n'y a aucun danger réel. La côte ne permet pas à la vague de monter, même si le vent est fort. Je regarde dans la cabine, je vois mes gens, Madame apeurée, lui qui essaie de me parler. Je ne l'écoute même pas. Lui pis sa TV! Maudite lampe de poche! Il pleut de plus en plus fort. Le tonnerre et les éclairs envahissent le ciel au point que je peux identifier mes bouées. La rage s'accentue. Je hisse à nouveau ma grand-voile et me prépare à foncer vers le nord. J'ai laissé sortir mon invité qui m'assure qu'il voit mieux que personne la nuit. Le bateau se libère …
Me sentant un peu comme l'aveugle de la parabole, je me laisse guider par ce paraplégique de la voile: "Un peu à gauche… un peu à droite." (le cours n'a pas encore débuté!)… Nous finissons par arriver au Roi-Soleil pour le soulagement de tous. Quelle façon de commencer une semaine de voile!
Louis Charbonneau http://www.voileevasion.qc.ca/Le Roi-Soleil

 Une autre histoire bientôt
Les conditions ne sont pas toujours aussi belles